La mesure de votre audition, la plus fiable !

Le métier d’audioprothésiste a besoin de matériel pour mener à bien un appareillage. Parmi ces matériels, il est nécessaire d’avoir un transducteur électroacoustique, qui plus est, le plus fiable possible.

De ce fait, il existe plusieurs types de casque ayant pour but la recherche des seuils audiométriques. Ces derniers sont également essentiels pour un appareillage de qualité, en corrélation avec l’avancée des méthodes d’appareillage proposées par les laboratoires de recherche et des fabricants d’appareils auditifs, il est important que nos valeurs soient précises.

Jacques DEHAUSSY nous rappelle que « le but de tout appareillage auditif est de se rapprocher au maximum l’audition du déficient auditif de l’audition du sujet auditivement normal ».

Pour rappel, ces tests doivent être pratiqués dans un environnement sonore maîtrisé, c’est-à-dire effectués dans un local présentant un niveau acoustique continu équivalent inférieur à 40 dB(A) pendant une heure et un temps de réverbération inférieur à 0,5 s à 500 Hz, (Décret n° 85-590 du 10 juin 1985(1) fixant les conditions d’aménagement du local réservé à l’activité d’audioprothésiste).

L’échelle de mesure du test audiométrique tonal est le dBHL (Decibel Hearing level), avec comme seuil de référence, les seuils d’audition les plus bas que l’on puisse mesurer, chez une population de jeunes gens âgés entre 18 à 25 ans inclus. Il s’agit d’une valeur statistique médiane. Ce sont ces seuils de référence qui sont appelés « zéro audiométrique », définis en champ libre et mesuré à l’aide d’un sonomètre à l’emplacement de la tête du sujet testé. De plus, comme la sensibilité de l’oreille humaine varie avec la fréquence, comme le montrent les courbes isosoniques ci-dessous, il a fallu adapter le zéro pour chaque fréquence à l’aide des courbes isosonique provenant de la norme ISO 226 : 2003(2) qui représente les courbes de mesure de pression sonore en dB qu’une personne perçoit comme étant de même niveau, en fonction de la fréquence. Sur ces courbes on peut remarquer que la partie du spectre sonore associée à la parole humaine (entre 300 et 4kHz) correspond aux pressions les plus faibles.

Figure 1 : Courbes isosoniques provenant de la norme ISO 226 : 2003. (https://www.iso.org/fr/standard/34222.html)

Pour nos audiométries tonales avec le sujet, la référence est donc les zéros audiométriques, avec les résultats donnés en dBHL, par convention, les résultats sont donnés avec le graphique vers le bas, pour ne pas confondre avec le dBSPL. Cette transformation montrer ci-dessous avec la transformation de la courbe des zéros exprimés en dBSPL (physiques) en dBHL par (V. Favier et al. / European Annals of Otorhinolaryngology, Head and Neck diseases 135 (2018) 341–347)(3).

Figure 2 : La transformation de la courbe des zéros exprimés en dBSPL (physiques) en dBHL

L’évaluation audiométrique tonale fait partie des éléments principaux de l’orientation diagnostique et thérapeutique face aux troubles de l’audition. Il ne s’agit pas de faire simplement un diagnostic sur un simple audiogramme, mais également de le confronter aux données et résultats des autres examens complémentaires. C’est également un examen de contrôle routinier dans notre profession.

Le principe étant de déterminer les seuils en conduction aérienne pour les deux oreilles testées séparément, en testant de 125 à 8000 Hz demi-octave par demi-octave avec des sons pulsé centré sur les fréquences audiométriques car plus facile à identifier que les sons purs.

La procédure de l’évaluation audiométrique tonale consiste à :

  • Installer le sujet dans la cabine audiométrique 

  • Lui expliquer clairement le test d’audiométrie tonale et de s’assurer que le sujet a bien compris le fonctionnement du test, par exemple « « Nous allons maintenant chercher votre seuil d’audition en vous envoyant des sons très faibles. Le but est d’appuyer sur la poire lorsque vous entendez un son même s’il est presque imperceptible, c’est ce que nous recherchons », puis nous dirons sous cette forme « Différentes tonalités seront testées. Vous allez, d’abord, la reconnaître à volume confortable, puis nous allons chercher ensemble le seuil d’audition en diminuant pas à pas le volume. »

  • Placer correctement le transducteur sur le sujet, avec la poire de réponse dans les mains de ce dernier. En effet, si le casque est mal positionné, on peut avoir des variations inférieures à 5 dB en dessous de 2 kHz et comprise entre 8 à 15 dB au-delà de 4 kHz (Toole 1984)(4), ainsi qu’un écart de 5 dB entre 200 et 14 kHz montré par Wightman et Kistler, 1989(5). è Pratiquer une audiométrie tonale liminaire, selon la méthode de Hughson et Westlake, 1944(6), c’est-à-dire, qu’on envoie un stimulus à une fréquence donnée à un niveau confortable, puis on diminuera le niveau d’intensité par pas de 10 dBHL jusqu’à l’extinction de la sensation auditive. Enfin, on le remontera par pas de 5dB HL, méthode indiquée aussi par R. Carhart et J.F. Jerger, 1959(7).

Revue de la littérature sur le sujet :

Dans nos premières lectures, une audiométrie plus « optimiste » des inserts a été montré par Kochkin,2011(9) est due à une meilleure précision près du tympan, validé par Marangoni, Scharlach, Rosana, Calais, & Gil, 2012(9), qui retrouve de meilleurs seuils aux inserts comparé aux casques notamment en présence de petits conduits des sujets, résultat de l’étude présenté dans un graphique ci-dessous:

Figure 3 : Seuils tonals moyens mesurés au casque et aux inserts.

Dans les études de Mochizuki et al (2007)(10), qui constate Atherley et al (1967)(11), on constate une différence significative entre le casque circum-aural et le casque supra-aural.

Alors que dans l’étude de de Schmuzigeret et al (2004)(12), la différence entre le casque circum-aural et les inserts n’est pas aussi significative, avec un différence moyenne de 0,40 dBHL, et une dispersions assez proche.

Or l’étude de Janine A. Landry et al, 1999(13), ont trouvé à partir de 2000 Hz pour des sujets plus âgée, des effets statistiquement significatifs. Cette différence dans les études peut être expliqué par des sujets dont le changement de la structure du canal auditif vieillissante, comme le suggère l’étude de Cobb, et al, 1993(14) et l’étude de Willott, J. F. (1996)(15). 

Pour conclure cette revu, nous allons voir un des freins de l’utilisation systématique de l’insert, qui est le coût pour l’audioprothésiste. En effet l’achat du matériel est élevé, il se chiffre à 398,00$ (soit 328,68€) sur le site etymotic.com. Mais ce n’est pas tout, car tout au long de l’utilisation des ER3C, il va falloir acheter les différents embouts, car pour une raison d’hygiène évidente, on change les embouts à chaque patient, qui se chiffre à 26,60€ sur le site d’évident-shop un paquet de 50, à multiplier par 5 pour les 5 tailles d’embouts différents à renouveler, ce qui peut freiner un audioprothésiste malgré les avantages du transducteur.

Conclusion :

On a pu voir tout au long de l’article que les transducteurs électroacoustiques, le casque circum-aural et les inserts, sont les plus fiables dans le temps.

Il est important pour l’audioprothésiste d’utiliser du matériel adéquat, notamment dans la recherche de seuils audiométriques, qui est le premier test pour l’appareillage, et également un test important dans le suivi d’un patient. Il est important de ne pas négliger son suivi, car une fois qu’on appareille une personne, on suit l’évolution de l’appareillage et de son audition tout au long de sa vie.

Beaucoup d’audioprothésiste ne sont encore pas équipés de l’insert, malgré les nombreux articles scientifiques sur les bénéfices de ce dernier, mais notons un point positif, de plus en plus d’audioprothésistes s’en équipent.

Si l’audiométrie aux inserts peut paraître fastidieuse pour certains, il est important de pouvoir proposer une alternative aux réticents, comme le casque circum-aural qui est un bon transducteur fiable dans le temps.

On peut imaginer qu’à l’avenir, tous les audioprothésistes en France soit équipé de plusieurs types de transducteurs comme les inserts ou le casque circum-aural, et pourquoi pas imaginer un autre transducteur électroacoustique plus précis, plus fiable et donnant d’autre fonctionnalité de mesure permettant de faire évoluer notre métier.

Bibliographie :

  • Décret n°85-590 du 10 juin 1985 fixant les conditions d’aménagement du local réservé à l’activité d’audioprothèse disponible sur https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000000700685
  • ISO 226 : 2003 https://www.iso.org/fr/standard/34222.html
  • V. Favier et al. / European Annals of Otorhinolaryngology, Head and Neck diseases 135 (2018) 341–347
  • Toole F.E., «The Acoustics and Psychoacoustics of Headphones», 2nd AES International Conference, Preprint C1006 (May 1984).
  • Wightman F. L. and Kistler D.J., “Headphone simulation of free-field listening. I: stimulus synthesis”, Journal of the Acoustical Society of America 85(2), 858–867 (1989)
  • Hughson, W., & Westlake, H. (1944). Manual for program outline for rehabilitation of aural casualties both military and civilian.Transactions of the American Academy of Ophthalmology & Otolaryngology,48 (Suppl.), 1–15.
  • R. Carhart et J.F. Jerger, « Preferred method for clinical determination of pure-tone thresholds », Journal of Speech and Hearing Disorders, 24, 1959, p. 330-345.
  • Kochkin, S. (2011). MarkeTrak VIII: Reducing Patient Visits Through Verification & Validation | June 2011 | The Hearing Review | Hearing Review Products. Hearing Review, 18 (January 2008), 10–12. Retrieved from http://www.hearingreview.com/issues/articles/2011-06_01.asp
  • Marangoni, Scharlach, Rosana, Calais, & Gil, 2012Insert earphones: application to avoid collapse of the external auditory canal
  • Toshimi Mochizuki,Yukino Yokoyama,Toshimasa Matsuhira, Comparison between supra- and circum-aural earphones in pure-tone audiometry Test -retest variability and normal hearing thres hold levels, 2007
  • G. R. C. AtherleyT. I. HempstockP. Lord, and J. G. Walker Reliability of Auditory Threshold Determinations Using a Circumaural‐Earphone Assembly, The Journal of the Acoustical Society of America 42, 199 (1967)
  • Schmuziger, Nicolas; Probst, Rudolf; Smurzynski, Jacek Test-Retest Reliability of Pure-Tone Thresholds from 0.5 to 16 kHz using Sennheiser HDA 200 and Etymotic Research ER-2 Earphones, Ear and Hearing: April 2004 – Volume 25 – Issue 2 – p 127-132
  • Janine A. Landry, MSc and Waiter B. Green, PhD « Pure-Tone Audiometric Threshold Test-Retest Variability in Young and Elderly Adults », JOURNAL OF SPEECH-LANGUAGE PATHOLOGY AND AUDIOLOGY, VOL. 23, NO. 2, JUNE 1999
  • Cobb, F. E., Jacobson, G. E, Newman, C. w., Kretschmer, L. w., & Donnelly, K. A. (I993). Age-associated degeneration of backward masking task performance: Evidence of declining temporal resolution abilities in normal listeners. Audiology, 32, 260-271.
  • Willott, J. F. (1996). Anatomic and physiologic aging: A behavioural neuroscience perspective. Journal of the American Academy of Audiology, 7, 141-151.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *